Quelles sont les choses à éviter au Soudan du Sud ?

Le Soudan du Sud est l’un des pays les plus jeunes du monde, mais aussi l’un des plus instables. Entre violences armées, criminalité, tensions intercommunautaires, difficultés d’infrastructures et accès limité aux soins, les risques peuvent être élevés et évoluer très vite. C’est pourquoi de nombreux États publient des recommandations très strictes, allant jusqu’à déconseiller tout déplacement non essentiel. Si vous devez vous y rendre (mission professionnelle, humanitaire, presse, obligations familiales), l’enjeu n’est pas de “voyager comme un touriste”, mais de réduire l’exposition au danger et d’éviter les comportements qui augmentent fortement le risque.

Cet article ne remplace pas les conseils officiels, mais il vous aide à identifier les erreurs les plus fréquentes et les situations à éviter. Il est rédigé dans une logique de prudence maximale : au Soudan du Sud, ce qui est “banal” ailleurs peut devenir un problème en quelques minutes.

1) Éviter de partir sans vérifier les conseils officiels et sans plan de sortie

Comme l’explique ce blog voyage, la première chose à éviter, c’est de voyager “comme d’habitude”, en se reposant sur l’improvisation. Au Soudan du Sud, la situation sécuritaire peut se dégrader rapidement, parfois sans préavis, et les capacités d’assistance consulaire peuvent être limitées selon les zones. Avant le départ, évitez absolument de vous contenter d’avis de forums ou d’expériences anciennes : les conditions changent. Consultez les avis officiels, enregistrez-vous sur les plateformes de suivi quand elles existent, et prévoyez un plan clair (contacts, itinéraires, points de repli, moyens de communication, réserves).

Évitez également de compter sur une “solution locale” de dernière minute pour quitter le pays si la situation se tend. Dans certains contextes, les liaisons aériennes peuvent être perturbées, les routes coupées, des zones bouclées, ou des formalités se durcir. Il faut donc anticiper la possibilité de devoir rester sur place plus longtemps que prévu.

2) Éviter les déplacements non encadrés, surtout la nuit et hors des axes sécurisés

Un risque majeur au Soudan du Sud vient des déplacements routiers : accidents, routes dégradées, contrôles, zones de banditisme, et incidents imprévisibles liés au contexte sécuritaire. Évitez autant que possible les trajets par la route hors des zones où vous avez une logistique solide, surtout si vous n’êtes pas accompagné par un opérateur local fiable.

Le déplacement de nuit est particulièrement à éviter. La visibilité est faible, les contrôles sont plus stressants, les risques de vol ou d’agression augmentent, et l’assistance est plus compliquée. Même en ville, privilégiez des trajets courts, planifiés, et des véhicules identifiables et en bon état. Si votre présence est liée à une mission, suivez les protocoles de sécurité de votre organisation (heures de circulation, trajets autorisés, communication radio/téléphone, règles de convoi).

3) Éviter les rassemblements, manifestations et lieux à forte charge politique

Une erreur fréquente consiste à sous-estimer la vitesse à laquelle un événement public peut dégénérer. Évitez les rassemblements, manifestations, attroupements spontanés, cortèges, et même certaines célébrations qui peuvent devenir sensibles selon le contexte local. Un mouvement de foule, une rumeur, une intervention des forces de sécurité ou une tension communautaire peut transformer une scène ordinaire en situation dangereuse.

Évitez aussi de fréquenter des lieux associés à l’autorité politique ou militaire (bâtiments officiels, check-points sensibles, zones proches de casernes) sans raison claire et sans autorisation. Même une photo prise “par curiosité” peut être mal interprétée.

4) Éviter de photographier sans permission, surtout les personnes, les forces de sécurité et les infrastructures

Au Soudan du Sud, la photographie peut être un sujet délicat. Évitez de filmer ou photographier les forces de sécurité, les check-points, les bâtiments administratifs, les ponts, les aéroports, ou toute infrastructure jugée stratégique. Dans certains pays, cela peut déjà être mal vu ; dans un contexte tendu, cela peut mener à une confiscation de matériel, un interrogatoire, voire une détention.

Évitez aussi de photographier des personnes sans consentement clair, même dans les marchés ou les villages. Outre le respect culturel, cela peut être perçu comme de la provocation, de l’espionnage ou un geste humiliant. Demander, expliquer, accepter un refus et privilégier la discrétion sont des réflexes de sécurité autant que de politesse.

5) Éviter l’ostentation : objets de valeur, argent, signes de richesse

Dans un environnement où la précarité est forte et où la criminalité violente existe, afficher sa richesse augmente le risque d’être ciblé. Évitez les bijoux visibles, les montres coûteuses, les appareils photo haut de gamme portés en évidence, et l’usage ostensible du téléphone dans la rue. Sur le plan pratique, évitez aussi de sortir de grosses sommes d’argent en public.

La gestion de l’argent demande une vigilance particulière. Si vous devez porter du cash, évitez de le garder au même endroit, et limitez les transactions improvisées. Ne changez pas de devises dans la rue : privilégiez des circuits réputés et sécurisés. Gardez des copies séparées de vos documents. Et évitez de transporter l’ensemble de vos papiers originaux au quotidien si cela n’est pas requis.

6) Éviter de minimiser les risques sanitaires

Les difficultés d’accès aux soins et la variabilité des conditions locales imposent une préparation stricte. Évitez de partir sans assurance adaptée (incluant évacuation médicale), sans trousse médicale sérieuse et sans plan d’accès à une clinique fiable. Les maladies transmises par les moustiques, les risques liés à l’eau et à l’alimentation, et les infections peuvent compromettre rapidement un séjour.

Évitez également la négligence face à la chaleur et à la déshydratation, surtout en déplacement. Buvez de l’eau sûre, prévoyez des solutions de purification si nécessaire, et adoptez une alimentation prudente. Sur place, la fatigue et le stress augmentent la vulnérabilité : le repos et l’hydratation ne sont pas des “détails”.

7) Éviter les faux pas culturels qui peuvent créer des tensions

Le Soudan du Sud compte de nombreuses communautés et langues, avec des sensibilités locales qui varient selon les régions. Évitez les discussions politiques frontales, les jugements hâtifs sur les tensions intercommunautaires, et les comparaisons maladroites. Un ton neutre et respectueux protège autant votre relation aux habitants que votre sécurité.

Évitez aussi les comportements perçus comme intrusifs : entrer dans un village sans médiation, s’imposer dans des cérémonies, ou questionner de manière insistante sur des sujets sensibles. Dans beaucoup de contextes, la confiance passe par un intermédiaire local, le temps, et une attitude humble.

Les situations à éviter en priorité

• Les déplacements routiers non planifiés, surtout de nuit et hors des zones sécurisées.
• Les rassemblements, manifestations, attroupements et lieux à forte tension politique.
• La photographie/vidéo de check-points, forces de sécurité, aéroports et infrastructures sensibles.
• L’ostentation (objets de valeur, grosses sommes d’argent visibles, équipements coûteux).
• Le manque de préparation sanitaire (assurance, évacuation, prévention moustiques, eau/alimentation).

Les erreurs classiques des voyageurs “trop confiants”

• Penser que “ça ira” parce que tout semble calme à l’arrivée.
• Suivre des conseils anciens ou non officiels sans vérifier la situation actuelle.
• Compter sur une solution de sortie improvisée en cas de dégradation sécuritaire.
• Se déplacer seul ou sans opérateur local fiable, en multipliant les trajets.
• Parler politique ou filmer “par curiosité” sans mesurer les perceptions locales.

Conclusion : prudence maximale et information à jour

Le principal conseil, au fond, est simple. Au Soudan du Sud, ce qu’il faut éviter, c’est de se comporter comme si les risques étaient ceux d’une destination classique. Les autorités de plusieurs pays continuent ainsi de déconseiller tout voyage en raison d’une situation sécuritaire volatile, de violences et de criminalité. Si vous devez vous y rendre, une préparation méthodique, des règles strictes de déplacement, une discrétion constante et un suivi quotidien des informations sont indispensables.

Enfin, si votre voyage est optionnel, l’option la plus sûre reste de le reporter. Si votre présence est nécessaire, entourez-vous de professionnels (organisation, sécurité, logistique). Informez vos proches, et adoptez une approche “risque zéro n’existe pas, mais l’exposition peut se réduire”.